Prise de position du Réseau évangélique suisse (SEA-RES)

 

Des interventions sont actuellement en cours, tant au niveau de la politique fédérale que dans plusieurs cantons, pour demander l’interdiction des thérapies dites de « conversion » pour les personnes d’orientation homosexuelle. Le Réseau évangélique suisse SEA-RES se prononce contre de telles thérapies qui ne correspondent pas aux directives thérapeutiques professionnelles. Mais elle s’oppose en même temps à leur interdiction. Outre le besoin non avéré de réglementation, il est à craindre que des offres légitimes et utiles soient également concernées par une interdiction.

Par « thérapies de conversion », on entend des procédures dont le but explicite est de changer l’orientation sexuelle d’une personne. Le Réseau évangélique suisse SEA-RES se distancie de telles pratiques. Des erreurs douloureuses et regrettable ont été commises à ce sujet dans le passé. La science est aujourd’hui largement d’accord pour dire que l’orientation sexuelle n’est pas accessible à une intervention ciblée. De plus, l’homosexualité ne doit pas être considérée comme une maladie à soigner.

 

Respecter le droit à l’autodétermination

Néanmoins, certaines personnes vivent leur orientation homosexuelle ou bisexuelle de manière conflictuelle et cherchent donc un accompagnement spécialisé. Certains trouvent une orientation sexuelle en partie fluide entre les pôles de l’homosexualité et de l’hétérosexualité. Par exemple, de nombreux jeunes connaissent une phase homoérotique passagère au cours de leur développement. Chez beaucoup, l’identité se clarifie, tandis que d’autres restent en recherche.

Dans les églises et les organisations chrétiennes, les personnes qui le souhaitent trouvent un soutien, par exemple par le biais de conseils et d’aumôneries ecclésiastiques et pastorales, d’offres de formation et de groupes de discussion. L’objectif de ces offres est une réflexion accompagnée et ouverte sur sa propre identité sexuelle, afin de trouver une voie individuelle cohérente pour une organisation globale de la vie. Une interdiction des « thérapies de conversion » risque toutefois de jeter la suspicion sur ces offres utiles et d’empêcher ainsi les personnes ayant un besoin légitime de bénéficier d’une aide précieuse. Leur droit à l’autodétermination doit être respecté. En l’occurrence, cela signifie leur liberté de chercher un accompagnement conforme à leurs convictions religieuses en matière d’identité et de pratique sexuelles. C’est pourquoi Le Réseau évangélique SEA-RES s’engage dans le débat politique contre une interdiction des « thérapies de conversion ». Par ailleurs, le fait qu’il n’y ait pas besoin d’une réglementation supplémentaire plaide contre une interdiction. D’une part, on peut partir du principe que les normes existantes, comme les directives déontologiques des associations nationales de psychothérapeutes et de psychologues ou la législation fédérale, suffisent à sanctionner les comportements fautifs. C’est également ce que souligne le Conseil fédéral dans son avis défavorable à une interdiction. D’autre part, SEA-RES n’a pas été informée de cas récents de « thérapies de conversion » en Suisse. Dans ce contexte, elle soutient le postulat 21.4474 du conseiller national Erich von Siebenthal, qui demande plus de clarté concernant la définition des « thérapies de conversion », l’ampleur de telles pratiques en Suisse ainsi que la situation juridique actuelle. Clarifier ces questions est une condition nécessaire avant d’envisager, le cas échéant, de nouvelles mesures.

 

Prévenir plutôt que réagir

Le Réseau évangélique suisse s’engage pour que la relation d’aide chrétienne et l’accompagnement des personnes homosexuelles ne favorisent pas des attentes irréalistes et exagérées, préservent leurs propres limites et mandats professionnels, respectent toujours la volonté de la personne accompagnée, respectent sa dignité et protègent sa santé physique et mentale. C’est pourquoi elle s’engage également en première ligne dans la création d’un réseau  » Ensemble contre les comportements transgressifs » pour une approche plus professionnelle des violations de limites.